aaa-transpL’atelier d’architecture autogérée (AAA) est une plate-forme collective interdisciplinaire de professionnels de l’urbanisme : ouverte à tous architectes, artistes, étudiants, chercheurs, retraités, politiques, chômeurs, militants, habitants, elle propose d’interroger la ville, ses interstices, ses pratiques culturelles, sociales et politiques pour en inventer de nouveaux usages. En répondant aux exigences de l’autogestion, il conçoit en lien étroit avec les habitants des projets architecturaux nomades et réversibles, poétiques et politiques pour rendre la ville plus écologique, solidaire, démocratique.

Créé en 2001, l’AAA dispose aujourd’hui d’une équipe permanente étoffée d’architectes, urbanistes, sociologues, designers, artistes, chercheurs… Et compte désormais plusieurs dizaines de projets à son actif. Des projets ancrés dans la ville et dont les habitants se sont saisis pour faire vivre des espaces partagés au cœur de la cité. La particularité de l’AAA c’est justement de penser des réalisations « intégrées » et de se réclamer de l’architecture participative pour favoriser des expériences de résilience urbaine. Une démarche « bottom up » (du bas vers le haut) ou dissémination d’usage, participative et transmissible. L’atelier conçoit en collaboration constante avec les acteurs de la ville, habitants, usagers, associations des espaces collectifs autogérés pérennes, ou des réalisations légères à usage temporaire en valorisant le recyclage urbain et l’auto-construction. C’est aussi un laboratoire d’idées pour penser l’urbanisme de demain, au fil des ans, l’AAA a cultivé dans sa démarche de recherche des partenariats prestigieux (Harvard GSD, MIT, Université de Sheffield, CNRS, EHESS,…). Chaque concrétisation mobilise une plate-forme à géométrie variable, pour matérialiser des projets co-construits, déployer une « tactique urbaine ». Chacune fait l’objet d’une étude préalable qui détermine les besoins et les dynamiques locales, engage un travail de médiation pour engendrer des réappropriations spatiales collectives. Avec une attention toute particulière portée à la pédagogie : en direction de jeunes professionnels qui viennent se former auprès de l’AAA mais également envers les habitants invités à s’investir dans la conception par des workshops ou des ateliers participatifs.

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Cela donne lieu à des réalisations inventives, innovantes, remarquablement intégrées au paysage urbain sans jamais le dénaturer, colonisant les espaces délaissés : comme le jardin mobile conçu sur une parcelle libre de RFF devant la Halle Pajol dans le 18e arrondissement de Paris, le projet ‘Passage 56’, du nom d’une venelle dans le XXe de Paris transformée en espace écologique et culturel, ou à l’état de projet la réalisation d’un cluster d’entreprises innovantes dans le domaine de l’écologie et l’innovation sociale le Wiki Village Factory (WVF) intégré dans un bâtiment participatif et autogéré qui mêlerait joyeusement bois, verre, végétaux ou bien encore le Civic Lab un Pôle de concertation citoyenne pour la préfiguration de la Promenade Urbaine entre Barbès et Stalingrad, deux containers et une serre urbaine dans lesquelles les associations locales peuvent développer des activités de sensibilisation des habitants du quartier.

L’un des projets les plus ambitieux de l’AAA s’est concrétisé en 2010. Le projet RURBAN, un projet-pilote pour des villes européennes résilientes propose une stratégie d’écologie urbaine participative. Matérialisé par la réhabilitation d’une friche urbaine de 3000 m² à Colombes (92), il est pensé comme une « stratégie d’aménagement territorial à l’échelle locale, à partir de dynamiques urbaines et rurales, pour explorer des potentialités et initier des alternatives devant des enjeux majeurs de notre société : réchauffement climatique, épuisement des sources d’énergie fossiles et d’autres ressources naturelles, crises économiques, croissance démographique et crise du logement et de l’emploi, etc. » Ce vaste projet qui imbrique des programmes mixtes d’habitat collectif, de culture, d’économie et d’agriculture invoque l’écologie du quotidien, l’économie locale, les acteurs de la production culturelle, les énergies alternatives et l’agriculture biologique. Il a fait l’objet d’une maîtrise d’usage participative pour garantir sa durabilité sociale, environnementale et économique et prévoit d’expérimenter des méthodes d’autogestion, d’auto-construction et d’auto-production alimentaire. Il fait désormais partie du paysage urbain et a permis la création d’une dizaine d’emplois permanents mais est en partie menacée par la nouvelle équipe municipale intronisée en 2014. L’Agrocité inaugurée en 2013, une micro-ferme urbaine cogérée, propose des activités telles que le jardinage, l’apiculture, le recyclage, le compost, la cuisine et la pédagogie environnementale. Une deuxième unité R-Urban (pratiques et réseaux de résilience urbaine) dédiée à l’économie sociale et solidaire et orientée vers le recyclage de déchets locaux a été réalisée à partir de 2012 : Recyclab. Avec pour les deux structures un bilan éloquent : réduction par six des émissions de CO2/an des usagers de l’Agrocité, 24 tonnes par an de déchets organiques recyclés, 50 tonnes par an d’eau économisée, 3 tonnes par an de production de légumes bio, etc. La troisième unité du projet tournée vers l’habitat participatif devait voir le jour en 2014, c’est là que la nouvelle équipe municipale (de droite faut-il le préciser) intervient et rompt ses engagements envers le programme européen Life + qui soutient le projet. Non seulement cette troisième réalisation EcoHab est bloquée mais la mairie réclame le départ de l’Agrocité de Colombes pour pouvoir réaliser en lieu et place un parking ! La mairie n’hésite pas à engager une procédure judiciaire d’urgence pour faire « déménager » l’Agrocité, ce qui impliquerait en réalité sa démolition pure et simple et obtient en partie gain de cause. Dans l’urgence au mois de décembre 2015, la juge fixe un délai de 2 mois pour déménager l’Agrocité. En essayant de sauver le projet, AAA dépose un recours au Conseil d’État qui est rapidement accepté mais qui n’est pas suspensif de la décision de justice. Les associations AAA et Agrocité sollicitent à son tour le préfet qui, constatant la bonne foi de AAA et le grand intérêt du projet, mais ne pouvant agir contre une décision de justice, accorde un moratoire de 6 mois. Un nouveau procès devra bientôt se tenir pour déterminer si la décision de la mairie est fondée.

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