Quel bon week-end parisien que celui des 26 et 27 septembre avec ces deux événements liés à la seconde édition de la journée de la transition : d’une part, l’opération « Paris sans voiture » avec l’interdiction de circulation dans quelques zones de la capitale et, de l’autre, le rassemblement citoyen Alternatiba qui rassemblait les alternatives concrètes face au réchauffement climatique. Deux événements face à ce réchauffement de plus en plus inquiétant, face à l’échéance de la COP21 qui rassemblera les États en décembre 2015 à Paris pour limiter celui-ci à deux degrés Celsius. Les organisateurs d’Alternatiba attendaient 50000 personnes, il y en a eu 60000 ! Succès considérable dans la ligne des 111 autres Alternatiba  ayant rassemblé 300 000 personnes dans différentes villes de France.

Cet événement aurait dû faire la une des journaux du 20 heures. Et bien non ! Ils ont préféré parler de « Paris sans voiture » et de ses sages promeneurs du dimanche. Bien sûr, il ne s’agit pas d’opposer une initiative à l’autre – Paris sans voiture était aussi soutenu par Alternatiba – mais de montrer le choix des médias. D’un côté, une opération organisée par la mairie de Paris, donc forcément « sérieuse » puisqu’institutionnelle. De l’autre, une initiative auto-organisée par les citoyen-nes, donc trop farfelue pour ces médias. Volkswagen aussi nous avait montré son « sérieux » sur le thème même de l’écologie, avec en prime l’écœurante récompense de son PDG.

Construire l’alternative

L’antidote se trouve du côté des alternatives. On est frappé de constater que, dans leur grande majorité, il s’agit de formes associatives ou coopératives, dans lesquelles le capital est au service d’un objet social et non l’inverse. Au-delà du réchauffement climatique, on observe une multitude d’initiatives de travailleur-ses, de citoyen-nes pour penser autrement, d’une façon plus démocratique, la production ou son devenir. C’est la meilleure manière d’éviter de se faire tromper sur la marchandise comme c’est le cas avec des firmes que l’on ne contrôle pas.

La plupart des initiatives se concrétisent à côté du système, en cohabitation avec les sociétés de capitaux qui dominent notre économie. Or ce sont les multinationales qui font la loi et donnent le tempo. Ce sont elles qu’il faut se réapproprier ! Malheureusement, le combat syndical est sur la défensive face à un capitalisme en crise, le patronat arrivant même à obtenir des baisses des salaires contre une pseudo garantie de l’emploi. Faute d’alternative transformatrice, la résignation pointe carrément du nez. Des reprises d’entreprises par les travailleur-ses existent et nous montrent qu’il est possible de faire autrement. Elles demeurent encore des micro-exemples et l’addition de ces expériences ne fera pas système.

Autant de raisons pour que l’Association Autogestion travaille avec d’autres partenaires, en France comme à l’international, pour qu’émergent d’autres projets politiques. C’est le sens du séminaire « Appropriation sociale » qui réalisera un point d’étape le 14 novembre. C’est le sens du prochain séminaire européen sur « Les Communs et la production » au début 2016. C’est le sens des Rencontres internationales « L’économie des travailleur-ses » dont il faut réussir l’édition européenne de 2016. L’heure est à la construction du projet et cela ne se fera pas sans la convergence de tous, syndicats, organisations écologistes, expériences concrètes, pour avancer dans un monde où, sans les puissances de l’argent, nous autodéterminerons enfin notre devenir.

La lettre du mois d’octobre