petralonaUne trentaine de membres ont participé à l’assemblée générale de l’association pour une journée riche en contenu. A noter que se tenait au même moment l’AG des Amis de la Fabrique du Sud à laquelle assistaient des membres de notre association. Le matin a été consacré aux différents aspects des rapports d’activité, financier, au fonctionnement de l’association présentés par R. Neuville, B. Borrits, C. Samary et R. Morder.

Après un repas convivial (merci encore au personnel du Lieu-Dit), trois thèmes ont donné lieu à information et échanges : les reprises d’entreprises en Amérique latine et les rencontres internationales « L’économie des travailleurs », les questions des droits sociaux, la présentation par un camarade de Syriza (que nous résumons ci-dessous) de la politique du gouvernement et de la situation de l’autogestion dans trois secteurs. Passionnant et de nombreux échanges avec la salle.

Cette journée a permis également de concrétiser l’intérêt de plusieurs personnes qui ont décidé d’adhérer à l’association.

LA VIE ET LE FONCTIONNEMENT DE L’ASSOCIATION

Les rapports d’activité et financier ont été présentés, et approuvés à l’unanimité après les éclairages particuliers sur des questions telles que le point sur le site internet de l’AA, l’activité du groupe Balkans, notre participation au séminaire « appropriation sociale » et au Forum social mondial de Tunis. Toutes ces activités ont été visibles sur notre site au cours de l’année écoulée. D’autres partenariats en cours ou à venir ont été évoqués : Institut Tribune socialiste, Coopérative Andines, les Foires à l’autogestion, etc.

La vocation du site, et un travail de refonte, ont été évoqués. Faire de ce site à la fois un outil des entreprises récupérées/autogérées, un lieu de débats comme un outil pratique et donc en faire évoluer la formule implique des participations élargies, surtout si l’on veut une ouverture internationale, avec des traductions. Ce chantier devrait donner lieu à discussion et décision dans un an.

Le chantier de l’encyclopédie de l’Autogestion sur « e-book » (travail porté par l’AA et les Editions Syllepse décidé l’année dernière) n’est pas achevé. Une cinquantaine d’articles nouveaux devraient encore rentrer d’ici fin juin, pour une parution en septembre 2015.

Le bilan du fonctionnement a fait apparaître des difficultés de réunion du conseil d’administration alors qu’en revanche la petite équipe d’animation du site conserve sa régularité hebdomadaire mais ne peut à elle seule tenir la rédaction et la publication de deux à trois articles par semaine. La mise en place d’une sorte de comité ou conseil de rédaction réunissant deux fois par trimestre les membres du CA, de l’équipe du site, et les membres qui le désirent, permettrait d’avoir des échanges plus approfondis, de planifier bien des articles, et d’avoir une vision générale de l’activité de l’association.

Pour donner une visibilité plus importante à notre association, avoir une initiative propre chaque année (par exemple lors de l’AG consacrer une demi-journée à un thème), et réunir en un document « papier » une sélection d’articles de l’année, avec une présentation de ce que nous sommes et faisons est la formule réaliste et utile retenue.

Panoramique AG APA 2015TROIS DEBATS

Après le repas, l’AG a repris en consacrant environ une heure à chacun des trois thèmes annoncés. Une information développée sur l’Amérique latine, un échange en présence notamment de syndicalistes sur l’articulation droit social / autogestion en partant des derniers articles publiés en la matière, et enfin l’intervention passionnante d’Emmanuel Kosadinos sur la situation grecque après les élections du 25 janvier .

Entreprises récupérées en Amérique Latine.

Dégageant les éléments saillants des processus, Richard Neuville a présenté de manière assez développée (mais non exhaustive, chacun-e peut se reporter aux articles ayant été publiés sur le site au cours de l’année écoulée) les évolutions en cours au niveau des récupérations d’entreprises par les travailleurs en Argentine, au Brésil, en Uruguay et évoqué les expériences de cogestion et de contrôle ouvrier au Venezuela. La genèse des rencontres de « L’économie des travailleur-se-s » et des rencontres régionales (européenne, sud-américaine et nord-centre américaine) qui se sont tenues en 2014, soulignent les enjeux de la prochaine rencontre internationale biennale qui se déroulera à Punto Fijo au Venezuela en juillet 2015.

L’association pour l’autogestion, en tant que structure coorganisatrice, y prendra toute sa place et contribuera notamment à permettre la participation la plus large d’une délégation française. Nous impulserons ainsi une souscription pour que des travailleurs de Fralib, de Pilpa, des syndicalistes, etc. puissent assister à ces rencontres. Pour ce faire, nous rechercherons des contacts avec d’autres structures, et ferons connaître notre initiative à la presse, au FSM de Tunis et par tous moyens.

Autogestion et droit social.

Le deuxième débat, introduit brièvement par Robi Morder à partir des derniers articles publiés sur le site, était consacré aux réflexions et actions possibles que l’association pourrait développer à partir et sur les questions juridiques relatives aux droits sociaux. L’occasion est donnée par les réformes et « négociations » sur les représentants du personnel, le temps de travail, les retraites et la protection sociale. En effet,s’ il y a eu déjà des interventions (par exemple lors de congrès syndicaux comme celui de Solidaires) sur l’autogestion, des contributions sur la loi relative aux cessions d’entreprise, il n’en a pas été jusqu’ici été de même les différents autres aspects où les problématiques autogestionnaires rencontrent le droit social. Une douzaine de participants – notamment des syndicalistes, pour certains membres (ou ex-membres) de Comités d’entreprise ou de CHSCT sont intervenus pour échanger expériences et idées. Le chantier est donc ouvert, avec pour l’immédiat des articles devant paraître dans l’Encyclopédie de l’autogestion, la question du droit de véto des CE, l’information sur les droits existants et non – ou peu – connus et utilisés, la revendication du retour aux élections aux prud’hommes comme à la sécurité sociale, ou le travail d’élaboration en relation avec des parlementaires, des syndicalistes, des experts. A suivre donc…

thessa-water2Grèce : les enjeux du gouvernement Syriza pour le développement des expériences autogestionnaires.

Pour passer de la résistance à la contre-offensive en Europe, la Grèce est un point d’appui. La réussite du gouvernement Syriza et du peuple grec sont un enjeu pour notre association. La solidarité et la diffusion de l’information sur le suivi des expériences grecques ne doivent en être que renforcés.

Emmanuel Kosadinos a évoqué ce qui est relatif à l’autogestion dans le programme de Syriza, avec les exemples concrets de trois expériences dans trois domaines d’activité à des moments différents 1.

  1. Destin du projet d’usine récupérée VioMe.
  2. La situation dans l’audiovisuel public (ERT)
  3. Les dispensaires sociaux solidaires.

Sur le programme : l’économie solidaire a une place importante pour les projets de restructuration et de relance de l’économie nationale. Dans le programme de Syriza, une large place y est accordée même si tout ce qui est dans l’ESS n’est pas l’autogestion. Il est nécessaire que les salariés soient associés à la prise de décision notamment dans les banques, les assurances, les entreprises d’intérêt public que ce soit au niveau local, régional ou national. L’importance de la région administrative est à souligner, comme intermédiaire entre l’Etat central et les collectivités locales comme celle des syndicats, des associations et des assemblées citoyennes suivant les principes de la démocratie directe.

Voici à grands traits les éléments favorables comme les obstacles.

Favorable au développement du projet participatif et autogestionnaire,

La grande place dans l’économie de la Grèce de la petite, très petite entreprise, voir de l’entreprise individuelle est un élément favorable pour la coopération au sein de réseaux, le regroupement dans des unités plus importantes. L’existence d’une force de travail jeune, très formée, motivée, actuellement au chômage, apte à investir des secteurs de l’économie (services, informatiques…) constitue également un facteur favorable. Sans oublier la persistance d’une tradition ancienne faite de solidarités horizontales, avec une culture de l’entraide dans un pays qui a eu une histoire de très petites propriétés agricoles forcément solidaires.

Au niveau politique, les mobilisations citoyennes et populaires de ces dernières années autour de revendications et de projets d’entraide et d’économie solidaire, sont stimulées avec la formation du nouveau gouvernement. On assiste à la reprise des occupations des places publiques en soutien au gouvernement grec et à ses revendications vis-à-vis de l’Union européenne. C’est un rassemblement d’ampleur inédite autour du gouvernement de la gauche radicale.

Les obstacles ne sont pas négligeables. La législation grecque n’est pas encore au point, il n’y a pas de cadre légal pour donner un statut à ces entreprises. Il y a bien dans le programme une banque en prévision, mais c’est encore à l’état de projet, le budget initial étant estimé à 2 milliards d’euros. Ce qui explique une certaine obligation d’improviser avec un cruel manque de moyens matériels et financiers pour soutenir de telles entreprises qui reposent aujourd’hui sur la solidarité et les dons citoyens. Sans oublier qu’il y a un héritage négatif du mouvement coopératif, bureaucratisé et qui a été utilisé et détourné par les partis au pouvoir jusqu’ici comme instrument du clientélisme politique. La banque d’investissement ou d’économie solidaire prônée par Syriza  pourra servir à financer des projets locaux ou régionaux avec des bons dédiés à tel ou tel projet.

Pour les trois entreprises que nos lecteurs connaissent, les textes ont en commun des préoccupations tournées vers la satisfaction besoins sociaux et pas uniquement les intérêts légitimes des sociétaires. La question du territoire est importante. Tout projet économique doit accroître la qualité de vie, le patrimoine, etc. Tous ces besoins et aspects de l’activité économique ne sont pas présents de la même façon dans un espace ou dans un autre. Le territoire est une communauté de besoins sociaux, économiques, environnementaux. Doivent y correspondre l’administration comme la participation citoyenne.

VIOME. C’est le deuxième anniversaire de la relance de la production et les anciens propriétaires tentent de récupérer l’entreprise par les voies juridiques. C’est un défi pour le gouvernement que d’arriver à contrer cette attaque en donnant un statut afin que l’exemple soit démultiplié. (Il y a eu une tentative dans une entreprise de ciment qui n’a pas abouti).

AUDIVISUEL PUBLIC. Il est prévu de remettre en fonctionnement la chaîne de télévision publique sous l’ancien label, avec annulation des 2500 licenciement. A partir du 1er mars ERT va recommencer à émettre. Il ne s’agit pas de revenir au système antérieur : les salariés d’ERT ont déposé un projet de loi. Il y a des points sur lesquels il n’y a pas unanimité, mais ce qui est certain c’est que l’ancien personnel de direction et les « conseillers spéciaux » ne seront pas repris. Il y aura un comité ou conseil de surveillance élu par salariés, avec au niveau local une représentation élue des usagers au niveau local. Les programmes des stations seront élaborés par les assemblées de salariés. Le projet doit sortir en mars. ERT sera majoritairement financé par la contribution des citoyens et de la publicité (mais avec des restrictions).

DISPENSAIRES SOCIAUX. Il y a en une quarantaine dans le pays. La moitié des habitants les utilisent. Cela devra faire partie du nouveau système de santé, mais sous quelle forme ? La question est ouverte. L’objectif est de créer des centres de soins primaires (un pour 10 000 à 40 000 habitants) ; les centres peuvent se transformer en centres complémentaires, autogérés, etc…

Notes:

  1. Ceci est un résumé à partir des notes prises au cours de la séance en intégrant les éléments de la discussion. L’orateur n’est donc pas engagé par ce texte qu’il n’a au demeurant par revu.