« A quand enfin la République de la justice et du travail » (Chanson de la Commune)

Rarement un gouvernement n’avait pratiqué une politique aussi contraire aux promesses électorales. Jamais un président n’avait été aussi impopulaire. Etrange spectacle que de voir ce gouvernement dirigé par l’aile la plus droitière du Parti socialiste, celle qui n’avait obtenu que 5,6 % des voix à la primaire de 2011. Les institutions quasi-monarchiques de la Ve république doivent être à nouveau et fortement mises en question. Il est ahurissant de constater que, quinquennat après quinquennat, on nous jette à la face que la démocratie c’est le » respect du mandat » et qu’une fois élus, ils le sont pour cinq ans et que rien ne changera à leur « détermination »… à renier leurs engagements. Avec un tel taux d’impopularité, et une bonne partie des députés de la majorité qui refusent la confiance au gouvernement, la crise politique pointe à l’horizon.


Si la Ve république a, dès le début été contestée à la fois par ses origines – un putsch militaire – et son contenu – un régime ultra-présidentiel ne laissant que peu d’espace politique au parlement, on comprend que sa contestation reprenne aujourd’hui du souffle. A gauche, diverses forces politiques se positionnent désormais pour une VIe république. Reste à en donner le contenu. Il ne peut s’agir d’un simple retour à un régime du type IVe république. Dans d’autres pays de tels régimes pourtant parlementaires nous montrent aussi leur incapacité – et surtout leur absence de volonté d’affronter la crise actuelle du capitalisme. Leurs réponses semblent homogènes quelles que soient leurs institutions : réduction des salaires et baisse des budgets publics. Il s’agit donc de proposer autre chose.

Des pistes pour penser une VIe république existent :  par exemple celle du référendum révocatoire. La possibilité pour des citoyen-nes d’obtenir la tenue d’un référendum en cas de divergence entre des promesses et une politique menée aboutissant à la révocation de l’élu. Condition minimale et de bon sens. Mais il faut aussi penser la représentation proportionnelle, le droit de vote des étrangers, l’articulation entre pouvoirs locaux et Etat, souveraineté populaire et engagements internationaux,  etc.  Tout le reste devra venir de débats menés parmi les citoyens aboutissant à une assemblée constituante. Il est à souhaiter qu’un tel scénario se produise.

Pour sortir de la crise du système capitaliste, d’autres enjeux seront alors à prendre en compte. Il ne suffira pas de changer de règles institutionnelles, c’est aux fondements qu’il faudra s’attaquer. La question essentielle des droits en est une. Ou placer le curseur entre le droit de propriété et les droits des individus à disposer d’un travail, d’un revenu, d’un logement décent ? Remettre en cause le droit de propriété sur les moyens de production, c’est poser la question des droits collectifs, démocratiques sur le lieu de travail : ce ne sera alors plus le « propriétaire », si tant est que ce terme ait encore un sens, qui décidera quoi produire et comment produire mais les parties intéressées à cette question, à savoir les travailleurs et les usagers. De même, ce débat sur la constitution reposera très vite la question du mandat et de la délégation, de la participation des citoyen-nes aux décisions qui les concernent directement. Que faire du Sénat ? Du Conseil économique, social et environnemental ? Pourquoi pas une Chambre du travail ? Ces questions ne sont pas nouvelles, et encore moins limitées à la France.

Une VIe république, ce sera  une étape politique qui sera franchie vers la République de l’autogestion généralisée.

La lettre du mois d’octobre