Viomichaniki Metaleftiki était une entreprise prospère spécialisée dans la production de matériaux pour le bâtiment. Sa maison-mêre en difficulté a pressé sa filiale au point qu’elle ne paye plus les salaires depuis mai 2011. Les salariés de cette entreprise souhaitent redémarrer la production en autogestion.

Viomichaniki Metaleftiki (Vio. Met.) (Βιομηχανική Μεταλλευτική) est une entreprise spécialisée dans la production de matériaux de construction, d’aménagement et d’isolation. Filiale de Philkeram-Johnson (le plus ancien et le plus important producteur de matériaux de construction en Grèce) appartenant à Giorgos Filipou, elle est basée à Thessalonique et emploie entre 60 et 70 travailleurs.

Sur la période 2000-2006, Vio.Met. était une entreprise florissante affichant une progression du chiffre d’affaires de 139% et des profits de 118%. Cette tendance s’est retourné en 2010 à la suite du transfert d’une dette de près de 2 millions d’euros de l’entreprise-mère vers la filiale. En mai 2011, l’entreprise-mère dépose le bilan, ce qui n’est pas le cas de sa filiale. Pourtant, la direction de Vio.Met. décide la cessation de paiement des salaire et le lock-out de l’usine, sous le prétexte d’un manque des fonds. Depuis cette date (mai 2011), les revenus (indemnisations) des travailleurs / ouvriers en arrêt de travail s’élèvent à 359 euros/mois.

En juillet 2012, ils décident d’explorer la piste de l’autogestion sous le mot d’ordre « Vous ne le pouvez pas ? Nous, nous le pouvons ! » en réponse à la direction ayant déclaré qu’elle ne peut pas procéder à la réouverture du site. (voir l’affiche ci-dessous).

Ils tiennent un blog où ils relatent leurs actions quasi-quotidiennes : http://biom-metal.blogspot.gr/

Le communiqué de presse après leur Assemblée Générale du 11 juillet 2012 :

« La direction de Viomichaniki Metaleftiki, une filiale de Filkeram-Johnson, a abandonné l’usine et ses travailleurs depuis mai 2011. En réponse, les travailleurs de l’usine ont cessé le travail depuis septembre 2011. Le syndicat de l’entreprise a organisé une équipe de 40 ouvriers, ayant pour mission d’empêcher l’enlèvement des machines par la direction ou le vol de celles-ci. L’ensemble de travailleurs participe à l’Assemblée Générale.

La proposition du syndicat afin de briser le statut quo actuel (alors que la direction a clairement déclaré que l’usine ne redémarrerait pas compte tenu de l’absence de fonds) est que l’usine passe sous contrôle direct des travailleurs. Cette proposition a été adoptée par 98 % des participants à l’Assemblée générale. Plus précisément, ils ont demandé que l’usine soit transférée aux travailleurs et que tous les membres de la direction et les travailleurs participant au Conseil d’administration démissionnent sans aucune exigence vis-à-vis de la future administration ouvrière.

En ce qui concerne le capital initial, qui est indispensable pour le fonctionnement de l’usine, la proposition des travailleurs est que l’Organisme national de l’emploi (le Pôle Emploi grec) leur verse par avance les allocations auxquelles ils auraient droit en tant que repreneurs d’entreprise.

Enfin, les travailleurs de Vio.Met. exigent l’introduction dans la législation d’un statut légal régissant les entreprises coopératives, afin que leur initiative (ainsi que toute initiative semblable future) puisse disposer d’un cadre de couverture légale.

Nous, travailleurs en lutte, en dehors de l’évidente valeur que nous voyons d’être dans la lutte et les demandes exprimées par tous les travailleurs, reconnaissons également une valeur additionnelle qui se résume parfaitement dans la proposition d’autogestion. Nous pensons que l’occupation et la reprise d’activité des entreprises impulsée par les travailleurs est l’unique proposition alternative réaliste pour lutter contre l’exploitation croissante de la classe ouvrière. L’auto-organisation des usines qui ferment est l’unique proposition qui a le pouvoir de mobiliser la classe ouvrière, qui vivant sous la menace constante du chômage, ne voit plus aucun moyen de résister.

Nous savons que les difficultés auxquelles nous sommes confrontées dans la lutte pour l’autogestion de l’usine sont nombreuses, que l’Etat et le Capital s’y opposeront de toutes leurs forces dans la mesure où une victoire pourrait créer un précédent et un exemple pour n’importe quelle autre lutte dans le pays. Cependant, la question de savoir dans quelles mains se retrouve la production, se transforme aujourd’hui en une question de vie ou de mort pour une classe ouvrière qui est poussée vers le dénuement. Pour cette raison, les luttes des travailleurs qui s’orientent dans cette direction, de même que les forces solidaires, doivent se préparer à affronter l’Etat et l’employeur pour réaliser l’occupation des moyens de production et la gestion ouvrière.

Nous lançons un appel à tous les syndicats, les organisations et les travailleurs pour que s’exprime la solidarité avec la lutte des ouvriers de Viomijanikí Metaleftikí et entreprendre un soutien actif aux travailleurs à la fois financièrement et politiquement. »