En 1938, le gouvernement mexicain Cardenas procède à la nationalisation de secteurs industriels : les chemins de fer à la suite de forts mouvements de grève, et l’expropriation du secteur pétrolier. Ces nationalisations concordent avec une mobilisation populaire et des travailleurs.

Le contexte est celui d’un affrontement entre les dirigeants mexicains affirmant l’indépendance nationale à l’encontre de l’impérialisme US et surtout des compagnies pétrolières britanniques qui ont déclenché un boycott du pétrole mexicain. Cardenas ne recula pas, et les revenus pétroliers servirent à financer une banque d’investissement permettant d’associer capitaux publics et privés pour développer un programme d’industrialisation.

Dans les chemins de fer, pour apaiser les syndicats, le gouvernement associe leurs représentants à la gestion. S’agit-il de cogestion syndicale ? Peut-on parler de gestion ouvrière dans un pays capitaliste ? Telles sont les questions auxquelles Léon Trotsky tente de répondre dans cet article reproduit bien après sa mort dans la revue « Quatrième internationale » en 1946 :

Gestion ouvrière et nationalisation

Le terme “nationalisation” a aujourd’hui des connotations négatives à la fois par l’image renvoyée par le pouvoir bureaucratique dans les pays de l’Est, que par l’expérience des nationalisations dans les pays capitalistes, comme en France, où la gauche au pouvoir n’a pas transformé fondamentalement la situation. Il n’est pas inutile de rappeler que nationalisation peut signifier propriété sociale, et non d’Etat, qu’associée à une gestion par les travailleurs eux-mêmes elle peut engager une dynamique authentiquement émancipatrice.

Rappelons en quelques mots la « Révolution mexicaine ». Commencée en 1910 elle aboutit en 1917 a l’adoption d’une constitution a forte consonnance socialiste. S’y trouvent inscrits ainsi la réforme agraire, la journée de huit heures, les droits syndicaux, de grève, Le pouvoir de l’Eglise est considérablement réduit, la laïcité est affirmée, le président ne peut pas être réelu.

En plus, un nombre important d’autres pouvoirs sont transférés ou attribués à l’État. Dès 1917 il régule le commerce des secteurs minier et bancaire, et au gré réformes constitutionnelles ultérieures est décidé le contrôle du commerce extérieur et la planification du développement. Elu en 1934, Lazare Cardenas achève son mandat en 1940.