Malgré les coups destinés à obtenir la soumission du peuple grec aux décisions de la Finance et de Merkozy, les travailleurs hellènes résistent la tête haute. Non seulement ils manifestent dans la rue leur combativité maintenue, mais ils affirment leur capacité à prendre en mains leur avenir, à remplacer ceux qui ont attesté de leur faillite ; banquiers, actionnaires, patrons. Ne pouvant, comme eux, prendre leur bénéfice pour recommencer la même besogne en d’autres paradis, fiscaux ou autres, refusant tant qu’il est possible de partir en un exil les condamnant au sort de travailleurs immigrés surexploités, les Grecs de Eleftherotypia ont pris leur entreprise en mains et les agents hospitaliers de l’hôpital de Kilkis ont instauré un contrôle ouvrier sur leur hôpital. Comme en Argentine il y a quelques années avec le phénomène des entreprises récupérées, il y a fort à parier que des initiatives de genre se multiplieront dans les semaines qui viendront.

Relégués au rang des utopies de « nostalgiques » et d’éternels « soixante-huitards attardés » par les discours soi-disant modernes de la pensée unique du capital, les coopératives et l’autogestion sont redevenues d’actualité. Si le projet de Scop de SeaFrance est toujours d’actualité quoique dans une version amoindrie, Hélio-Corbeil vient d’être reprise en Scop par ses salariés. De même, les salariés d’Inter-59, ex-Comareg (Paru-vendu) attendent la décision du Tribunal de commerce. Enfin les Fralib ont tenu meeting la semaine passée à Paris, meeting dans lequel tous les candidats de gauche ont été présents.

Si la crise n’atteint pas les mêmes sommets qu’en Grèce, ces récupérations trouvent un écho dans la campagne présidentielle. Cependant, il ne suffira pas d’y faire référence, ni de tenter d’en faire une « recette » enrichissant la palette de la domination managériale des entreprises pour s’en tirer. Face aux multinationales qui délocalisent la production, face aux faillites dues à la crise, l’heure est à la préemption et à la réquisition. Le moment est celui de décisions politiques, de l’existence de services publics, notamment bancaire pour le financement de l’économie réelle, et de politiques économiques (oui, il s’agit de politique).

L’entreprise n’est pas « neutre », les travailleurs y ont leur politique à défendre. L’autogestion dépasse le cadre de la seule entreprise et s’impose à l’ensemble de la société et ce, au moment où les gouvernements d’Europe, en premier lieu le nôtre, signent un nouveau pacte contre les peuples, sans les consulter. Il convient de rappeler qu’il n’y a pas de démocratie sociale sans démocratie politique…

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